Je remercie FredW, Phil et nico k d'apporter un peu de contradiction dans cette discussion, car je suis par ailleurs absolument terrifié par l'incommensurable délire qui s'est emparé des médias et des esprits au sujet de Barack Obama. A écouter le discours dominant, le nouveau président des Etats-Unis va changer la face du monde parce que la sienne est noire, raisonnement conscient ou inconscient faisant passer la considération raciale au-dessus de toutes les autres, alors même que celle-ci est totalement secondaire et véhicule un grotesque stéréotype.
Obama est issu de la classe politique américaine, de cette élite totalement soumise aux intérêts financiers, il est même le premier candidat à la présidentielle à n'avoir recouru à aucun fond public pour sa campagne au profit exclusif de sponsors privés, au premier rang desquels
les grands groupes industriels et financiers de son pays, sans parler du très puissant lobby pro-israélien, influence déterminante dans les choix de la Maison Blanche sur la question du Proche-Orient.
Se focaliser sur la couleur de peau et le charisme d'Obama, c'est ne pas voir que comme ses prédécesseurs, c'est à tout ce beau monde qu'il aura le plus de comptes à rendre, certainement pas à ses électeurs afro-américains et encore moins aux noirs du monde entier, aveuglés par une solidarité raciale fantasmée qui fait oublier toutes les disparités culturelles nationales. Obama se contrefout des Antillais, qu'ils vivent en métropole ou dans les îles, Obama se contrefout des Français d'origine africaine et se contrefout des Africains eux-mêmes, ce n'est pas son sujet.
On peut se féliciter de la politique sociale qu'il projette pour les classes laborieuses de son pays, qui ne ferait que corriger une situation d'insécurité sociale absurde que nous peinons ici à imaginer (quoique, de moins en moins...), mais je crains que l'accélération à venir du chaos économique ne rende caduque ces bonnes intentions. Des forces militaires spéciales auraient d'ailleurs été rapatriées d'Irak pour faire face à d'éventuelles émeutes.
Si Obama n'est pas un homme libre, comme je l'explique plus haut, il n'est pas non plus seul, puisqu'il compte dans son équipe de virulents va-t-en-guerre néo-conservateurs. Rahm Emmanuel, prochain directeur de cabinet de la Maison Blanche, véritable n°2 de l'exécutif, est
un extrémiste pro-israélien qui n'a de fait aucunement l'intention de rendre aux Palestiniens leur territoire et leur dignité. Quant à Dennis Ross, principal conseiller du candidat démocrate et très probable futur secrétaire d'Etat,
il est le partisan d'une ligne "tellement dure [à l'égard de l'Iran] que, si elle est appliquée, elle provoquera l’entrée en guerre de l’Amérique contre le pays des mollahs". Et ce ne sont là que deux illustrations parmi d'autres du caractère très agressif de la future administration sur le plan international. La marionnette change, ceux qui tirent les ficelles restent en place.
J'ai conscience de ne pas peser lourd face à une sphère médiatique surpuissante et, partant de là, la conviction qu'elle a réussi à forger chez la plupart d'entre vous, pourtant un simple examen des faits suffit à dissiper ce formidable écran de fumée. Quand j'entends une journaliste de Canal + demander à son consultant "Si Obama est différent, c'est parce qu'il est jeune ou parce qu'il est noir ?", c'est un flagrant délit d'incompétence ou au choix de malhonnêteté, à la lumière de tout ce qu'il est possible de savoir sur cet homme, d'où il vient, qui le finance et qui l'entoure. Tout ce cirque est une étape supplémentaire de l'américanisation de la France dans tout ce que cela comporte de décadence intellectuelle et de manipulation des masses, le résultat d'un long travail d'influence auprès de nos élites politique, journalistique et culturelle, qui ont progressivement renoncé à tout sauf à leurs privilèges. Tâchez de ne pas vous faire avoir, sous peine de tomber de très, très haut.
Amicalement,
Tangi